Entre mémoire, diversité et modernité, le Paris des diasporas révèle une capitale vivante, métissée et inspirante. D’un arrondissement à l’autre, chaque lieu raconte l’histoire d’un monde rassemblé dans une même ville.
Un Paris-monde, miroir de la France d’aujourd’hui
Explorer le Paris des diasporas, c’est comprendre que la capitale n’est pas figée dans son passé. C’est une ville-monde, en perpétuelle invention, où se tissent les fils de l’histoire et du métissage. Derrière chaque nom de rue, chaque jardin ou statue, se cache une mémoire collective en mouvement. À découvrir pas à pas, le cœur et les yeux grands ouverts… L’École Charles Aznavour (Paris 5), le Square Marcello Mastroianni (6ᵉ), ou encore la Place Chavarche et Arpik Missakian (9ᵉ). Chavarche et Arpik Missakian ont entretenu un lien étroit avec Paris, centre de leur engagement pour la mémoire et la culture arménienne. Citons aussi la Médiathèque James Baldwin (9ᵉ), figure emblématique des droits civiques et de la dignité LGBT+, ou le Jardin Yacine Ketab, inauguré en 2018. De Belleville à Montparnasse, un voyage s’impose : celui d’un Paris métissé, vibrant et profondément humain.
Montparnasse : Joséphine Baker, l’icône de la liberté
Le parcours commence dans le 14ᵉ arrondissement, Place Joséphine Baker. Paris y rend hommage à la première femme noire entrée au Panthéon, symbole d’engagement et de liberté. À deux pas, la Piscine Joséphine Baker, flottant sur la Seine, offre une vue unique sur la ville — un clin d’œil à l’esprit libre de cette artiste franco-américaine. À ne pas manquer : les fresques murales du quartier, réalisées par des collectifs féministes et afrodescendants, qui célèbrent sa mémoire.

Saint-Germain-des-Prés : Senghor et la francophonie poétique
En remontant la Seine, la Passerelle Léopold Sédar Senghor relie le musée d’Orsay au jardin des Tuileries. Ce pont de bois rend hommage au poète et président sénégalais. Il fut le chantre de la négritude et d’une francophonie ouverte sur le monde. Pour prolonger la balade : un café au Flore ou un détour par les librairies de Saint-Germain sera bienvenu. C’est là que se retrouvaient écrivains africains et antillais dans les années 1950. Ils y nourrissant le bouillonnement intellectuel d’un Paris cosmopolite.
La Goutte d’Or et Château Rouge : le cœur vivant des diasporas africaines
Dans le 18ᵉ arrondissement, les cultures africaines font battre le cœur de la capitale. Sur la Place des Tirailleurs Sénégalais, inaugurée en 2023, une plaque rend hommage aux soldats venus d’Afrique pour défendre la France. À quelques pas, la Place Slimane Azem célèbre le poète kabyle, voix de l’exil et de la mémoire. Tout près, la Place des Chibanis et des Chibanias honore la première génération d’immigrés. Et la Passerelle Jane Birkin rappelle l’engagement humaniste de l’artiste franco-britannique.
Le 20ᵉ : Paris populaire et mémoire en partage
Le 20ᵉ incarne le Paris populaire, celui des luttes et des chansons. Au Jardin Mélinée et Missak Manouchian, la mémoire de la résistance arménienne s’entrelace avec celle de l’engagement antifasciste. Une plaque rend aussi hommage à Manu Dibango, légende du jazz afro-européen. Son « Soul Makossa » fit danser le monde entier. Plus loin, le cimetière du Père-Lachaise abrite les tombes d’artistes et de militants venus des quatre coins du globe.
Le 19ᵉ arrondissement : la culture comme trait d’union
Dans le 19ᵉ, la diversité s’exprime à travers l’art et l’éducation. L’École Cesária Évora rend hommage à la diva capverdienne. Non loin, la Bibliothèque Assia Djebar célèbre la romancière algérienne, première femme du Maghreb à entrer à l’Académie française. Autour du canal de l’Ourcq, les fresques murales signées d’artistes internationaux expriment elles aussi la diversité de Paris.
Le 13ᵉ : entre Asie et Afrique, un carrefour culturel
Le 13ᵉ arrondissement est un monde en soi. Autour de la porte de Choisy, le quartier asiatique est habité par des communautés vietnamienne, laotienne et cambodgienne. Elles sont installées là depuis les années 1970. Le 13ᵉ abrite aussi le Jardin Jane Vialle, hommage à une résistante d’origine africaine et sénatrice de la IVᵉ République. Chaque plaque, chaque square y raconte l’histoire des migrations post-coloniales et des échanges qui façonnent Paris.
Le 12ᵉ : mémoire et transmission au Palais de la Porte Dorée
Étape incontournable, le Musée national de l’histoire de l’immigration, est installé dans le majestueux Palais de la Porte Dorée. Il retrace plus d’un siècle de migrations en France. Tout près, la Place Ady et Gilberte Steg rend hommage à deux résistants juifs, médecins et militants de la mémoire. Ils incarnent les symboles d’un Paris humaniste et solidaire.

