Globe-trotteuse engagée, l’actrice franco-malienne revient sur ses racines, ses combats pour la diversité et les voyages qui ont marqué sa vie. Rencontre avec une artiste libre et inspirante.

Vous êtes née à Dakar et avez grandi entre la France et l’Afrique. Comment cette double culture a-t-elle nourri votre parcours ?
Je suis née à Dakar, d’une mère sénégalaise et d’un père malien. Très tôt, je suis arrivée en France, où j’ai grandi en banlieue parisienne, tout en restant très connectée à mes racines maliennes grâce à mon père, passionné de culture et de musique. À la maison, il me faisait découvrir les musiques du Mali, la langue sonraï, et m’a transmis une véritable ouverture au monde. Cette richesse culturelle m’a donné très tôt une capacité à naviguer entre différents univers sans jamais me sentir tiraillée.
Votre père, Mohamed Maïga, était un journaliste engagé. Quel héritage vous a-t-il transmis ?
Il s’est énormément investi pour les luttes démocratiques en Afrique. Très proche de Thomas Sankara au Burkina Faso, il a participé activement à la rédaction de son programme révolutionnaire avant d’être tragiquement assassiné en 1984. Il avait 33 ans. Son engagement, sa générosité et sa détermination m’ont profondément marqué. Aujourd’hui, j’essaie de transmettre cet héritage à travers l’association Mohamed Maïga, que j’ai fondée à Paris pour soutenir le journalisme d’investigation en Afrique.
Votre engagement pour la diversité au cinéma est devenu une autre facette de votre combat.
Quand j’ai commencé ma carrière, j’ai été confrontée très vite à la sous-représentation et aux stéréotypes liés à ma couleur de peau. J’ai ressenti une immense frustration, mais aussi le besoin de proposer des solutions. En 2018, j’ai initié le livre “Noire n’est pas mon métier”, écrit avec 15 autres actrices françaises. Puis, nous avons prolongé cette réflexion avec le documentaire Regards Noirs, tourné notamment aux États-Unis et au Brésil, où ces questions résonnent aussi avec force.
Justement, vos nombreux voyages professionnels vous ont-ils marquée ?
Oui, énormément. Bien sûr, le Mali reste une destination très intime pour moi. Enfant, j’y retrouvais ma famille, mes racines, avec ces souvenirs merveilleux des baignades dans le fleuve Niger, des soirées sur le toit-terrasse, des odeurs de thé et de cuisine. Aujourd’hui, la situation sécuritaire m’empêche de retourner au Nord du Mali mais j’y suis très attaché. Au Zimbabwe, le tournage d’un film m’a aussi bouleversée. J’ai adoré la beauté des paysages et la dignité du peuple de ce pays. Et puis il y a le Malawi: j’y ai découvert le lac Malawi, immense, presque comme une mer intérieure, avec ses marées et son ambiance unique. C’était fascinant…
Retrouvez cette interview en intégralité dans les colonnes d’Escapade Magazine numéro 16.
https://escapade-mag.fr/a-la-une/8373-carole-bouquet-son-interview-voyage-par-escapade-magazine-2025-06-19