Spécialiste des croisières d’expédition en Patagonie depuis plus de 35 ans, Australis explore les fjords du bout du monde dans un esprit d’aventure durable. Son directeur ventes & marketing Europe et Asie, Frédéric Guillemard, nous en dévoile la philosophie.

Australis, pionnière des croisières d’expédition en Patagonie
Australis navigue depuis plus de 35 ans dans les fjords de Patagonie. Qu’est-ce qui rend cette région si exceptionnelle pour vous ?
F.G. : La Patagonie est une région unique en son genre, qui abrite certains endroits encore vierges de toute infrastructure humaine. Certains fjords sont accessibles uniquement par la mer, ce qui renforce cette impression d’isolement. Les paysages sont bruts, les lumières souvent étonnantes, et le climat façonne chaque sortie différemment. Ce qui marque aussi, ce sont les rencontres avec les quelques habitants de cette région reculée. Naviguer dans ces fjords, c’est prendre le temps d’observer, de ressentir. On découvre une nature imposante, mais aussi fragile. C’est cette combinaison entre solitude, beauté et simplicité qui rend l’expérience si forte.

Vos itinéraires permettent de découvrir des lieux mythiques comme le Cap Horn, la baie Wulaïa ou les glaciers de la cordillère Darwin. Quelles émotions ces escales suscitent-elles chez vos passagers ?
F.G. : Ces escales suscitent souvent des émotions très fortes. Le Cap Horn, pour beaucoup, est une idée nourrie depuis des années, un symbole de l’aventure maritime. Des écrivains comme Jules Verne, Pablo Neruda ou encore Antonio Pigafetta, chroniqueur de l’expédition de Magellan, ont célébré ces confins battus par les vents, chargés de légendes et de solitude. Une fois sur place, la force du lieu ne déçoit pas : on sent qu’on est vraiment au bout du monde. Face aux glaciers, c’est l’émerveillement qui domine, avec un regard d’enfant. Leur immensité, leur silence, nous rappellent à quel point nous sommes petits. Chaque site, qu’il soit historique ou naturel, provoque une forme de recul, de réflexion. Ce sont des moments rares, qui laissent une vraie trace.

Une autre manière d’explorer les fjords du bout du monde
Vos itinéraires permettent de découvrir des lieux mythiques comme le Cap Horn, la baie Wulaïa ou les glaciers de la cordillère Darwin. Quelles émotions ces escales suscitent-elles chez vos passagers ?
F.G. : Nos bateaux à taille humaine sont un vrai atout, 100 cabines au total réparties sur 3 ponts. Ils nous permettent d’accéder à des fjords étroits ainsi que des zones où les gros bateaux ne peuvent pas aller, comme les parcs nationaux où nous sommes les seuls à débarquer. Grâce aux Zodiacs, les débarquements sont rapides et flexibles, souvent dans des lieux très préservés. Cela renforce l’impression d’exploration, parfois même d’être les premiers à poser le pied à terre. À bord, l’ambiance reste conviviale, les passagers échangent facilement et gardent parfois même contact une fois l’expédition terminée. C’est une manière plus intime et respectueuse de découvrir ces territoires fragiles.

Un tourisme responsable au cœur de la démarche Australis
Australis se distingue par son engagement fort en matière de développement durable. Quelles sont les actions concrètes que vous mettez en place à bord comme sur terre pour minimiser votre impact ?
F.G. : Notre engagement environnemental repose sur des actions concrètes, à bord comme à terre. Nous avons supprimé l’usage du plastique et largement réduit celui du papier, remplacé par un intranet disponible pour les passagers. L’eau est filtrée et accessible via des fontaines, et une gourde réutilisable est offerte à chaque passager dès l’embarquement. Lors des débarquements, des bacs de désinfection sont systématiquement utilisés pour éviter toute introduction de bactéries sur les sites. Nous travaillons en étroite collaboration avec les parcs nationaux pour respecter les écosystèmes que nous traversons. Sur des zones sensibles comme le Cap Horn, des sentiers de « sacrifice » (zone de visite délimitée afin de protéger le reste du territoire) sont aménagés pour préserver la tourbe et la végétation locale.
Comment travaillent vos équipes avec la faune et la flore ?
Nos équipes suivent des protocoles précis pour limiter notre impact sur la faune et la flore. L’usage du drone, par exemple, est interdit afin de ne pas perturber les animaux. Ce souci du détail s’inscrit dans une volonté de pratiquer un tourisme attentif et durable. L’objectif est clair : permettre la découverte de lieux exceptionnels sans jamais les compromettre.

La science embarquée au cœur des expéditions Australis
Le programme scientifique VCE, que vous avez intégré, est assez unique dans l’industrie des croisières. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette collaboration entre tourisme et recherche ?
F.G. : En effet, le programme VCE est une collaboration unique entre le monde scientifique et une compagnie de croisière d’expédition. Les lieux où nous débarquons sont si reculés qu’ils en deviennent inaccessibles car les chercheurs ne peuvent y rester des mois. En accueillant des scientifiques à bord pendant plusieurs saisons, nous avons appris à collecter des données précises sur le terrain. Chaque semaine, sur nos sites de débarquement, nous relevons des informations sur la salinité de l’eau, l’évolution des glaciers, la faune et la flore. Ces données sont ensuite transmises à l’université de Magallanes, où elles sont analysées. Cela permet un suivi environnemental régulier dans des zones peu étudiées. Nos guides d’expédition sont formés à ces protocoles et deviennent ainsi des relais actifs du programme.
Voyager autrement : quand exploration rime avec responsabilité
Vous avez remplacé les bouteilles en plastique par des gourdes, installé des systèmes de tri performants et formé vos équipes au zéro déchet. Comment vos passagers réagissent-ils à cette approche responsable ?
F.G. : Certains sont un peu étonnés au début, c’est vrai ! Mais très vite, ils comprennent notre démarche et y adhèrent pleinement. Ils apprécient qu’on leur fournisse une gourde réutilisable et s’impliquent volontiers dans le tri des déchets ou les actions de sensibilisation.

Les croisières Australis intègrent aussi une forte dimension culturelle, avec des conférences à bord, des excursions sur les traces des Yámanas, ou des ateliers photo. Quelle place occupe la transmission du savoir dans votre vision du voyage ?
F.G. : La transmission du savoir est également au cœur de notre démarche. Nous avons la chance d’avoir un pavillon chilien, et tous nos membres d’équipage sont des Chiliens, souvent originaires de Patagonie. Ils partagent avec passion leur connaissance du territoire, de sa culture et de son histoire. Chaque excursion devient alors une immersion guidée par un regard local, authentique. À bord, les conférences enrichissent encore cette découverte, tout comme les ateliers thématiques. C’est une façon de voyager plus consciente, plus respectueuse. Pour nous, découvrir, c’est aussi comprendre.
Enfin, à l’heure où les voyageurs recherchent du sens, quelle est votre plus grande fierté en chez Australis ?
F.G. : Oh, c’est une question difficile, car chez Australis, nous sommes plutôt discrets, presque « profil bas ». Mais si je devais citer un motif de fierté, ce serait d’avoir contribué, au fil des années, à faire connaître un territoire unique via un mode de voyage responsable. On parle de plus en plus de “slow travel”, depuis les débuts d’Australis, nous aimons à penser que nos croisières sont une immersion hors du temps, au cœur d’une nature intacte, loin du tumulte numérique. C’est aussi un moment de partage humain rare, une reconnexion à l’essentiel. On ressent quelque chose de fort, d’authentique. Ce type d’expérience a du sens aujourd’hui.


