Comédienne, égérie de Chanel, Carole Bouquet est devenue viticultrice il y a une vingtaine d’années à Pantelleria. Dans cet entretien exclusif, elle raconte sa passion pour cette île italienne tout en revenant sur son actualité. Des échanges riches en confidences d’une personnalité française à la classe légendaire.
Votre premier séjour à Pantelleria c’était il y a 27 ans… A quelle occasion avez-vous découvert cette île italienne relativement méconnue ?
À son retour de Pantelleria, mon amie Isabella Rosselini m’a dressé un portrait si tentant de cette île que j’ai décidé d’y passer les vacances de l’été suivant avec ma famille. J’en suis tombée immédiatement amoureuse ! Par la suite, après avoir loué pendant plusieurs années, j’ai acheté une première petite maison avec un lopin de terre, puis une autre et d’autres terrains et ainsi de suite.
Quelles furent vos sensations lors de votre arrivée sur l’île ?
J’ai été surprise par le côté très vert, très poétique des paysages. Une île c’est presque un rêve, un territoire qu’on s’invente. Pantelleria semble austère mais ne l’est pas du tout ! Le fait qu’elle soit en Méditerranée compte pour moi. J’ai le sentiment que je viens de là, une région où se sont accumulés des siècles de culture. Il y a, en effet, des traces millénaires de vie à Pantelleria. Et tout y est d’une beauté, d’une simplicité ! L’île n’est pas abîmée. Et ce qui me fascine le plus, c’est le travail de la terre par les hommes depuis des millénaires.
Vous avez décidé de vous installer sur cette île, pourquoi ce choix ?
Ça a été comme une évidence, même si rien n’était prémédité. Mais à force de ténacité j’y suis parvenue. Il a fallu restaurer, réaménager… Et aujourd’hui, depuis chez moi, je parcours l’île à pied en passant par des endroits extraordinaires pour aller au lac que j’adore traverser à la nage.
Quelle est selon vous la meilleure période pour découvrir Pantelleria ?
Juin, parce qu’il y fait une douceur incroyable, c’est déjà l’été. Mais aussi de septembre à novembre, on se baigne encore, ce sont les mois parfaits pour faire de belles promenades et découvrir ces paysages préservés.
Puis un beau jour, vous choisissez de vous lancer dans la production de vins, un univers pourtant très éloigné du vôtre ! Quel a été le déclic ?
J’ai eu la chance de rencontrer un homme extraordinaire, Nun- zio Gorgone, c’est grâce à lui que j’ai tout appris et que j’ai pu créer un vin très particulier… Il est produit à partir de vignes terrassées, travaillées à la main. J’ai donc remis en état la terre que j’avais achetée, puis j’ai fini par me lancer. J’ai essayé de faire un vin à mon goût, assez équilibré à partir du cépage zibibbo. Ce vin nécessite trois vendanges et je l’ai baptisé Sangue d’oro parce que c’est un vin difficile à produire et rare. Bonne nouvelle, il est distribué en France et vous pouvez aussi le commander en ligne (https://www.sanguedoro.it/fr/)
Quelles sont vos adresses coup de cœur à Pantelleria ?
La Vela, hors saison, pour un verre face à la mer et Il Principe e il Pirata, un très bon restaurant. Mais je suis souvent à la maison. J’adore nager au lac lo Specchio di Venere et déjeuner à la petite terrasse qui se trouve au bord, j’y ai ma table !
Et quand vous n’êtes pas à Pantelleria, quel genre de voyageuse êtes-vous ?
Je me laisse porter par le vent, j’écoute mes amis aussi, mais j’ai beaucoup moins le temps… Les voyages me manquent. J’avoue que je ne connais pas encore toute la France ! J’aime prendre le temps de découvrir, de rencontrer les gens sur place où que je sois.
Quel voyage rêvez-vous de faire ?
J’aurais aimé découvrir la ville d’Alep en Syrie, où est née la grand- mère de mon fils, malheureusement ce n’est plus possible après les destructions… J’aime particulièrement la Méditerranée et le soleil, toute l’Italie, mais je rêve aussi d’aller en Islande ou en Ecosse.
Vous êtes remontée sur les planches récemment. Comment avez-vous vécu ce retour sur scène ?
C’est grâce à la ténacité de Samy Frey que je suis montée sur scène pour interpréter Bérénice dans la pièce éponyme. J’avais le trac au début. Puis j’y ai pris goût. Je ressens une grande joie et beaucoup de liberté au théâtre. C’est un vrai bonheur d’autant plus que je ne me lasse pas de la beauté du texte de Racine.
Propos recueillis par Pascal Schultz